
Vous êtes déjà manager ? Vous vous demandez si vous pourriez exercer cette responsabilité ? Vous vous interrogez tout simplement sur ce qu’est un bon manager ? Anne-Françoise Cail, consultante en accompagnement professionnel, nous partage sa vision du management. Elle revient sur des fondamentaux et nous invite à faire un pas de côté. Plutôt que de chercher à adopter une posture toute faite ou de multiplier les formations au management, prenons un moment pour nous interroger : suis-je vraiment fait pour manager ? Si oui, quelle serait ma place en tant que manager, qu’ai-je à apporter ?
Qu’est-ce qu’un manager, pour commencer ?
L’étymologie du mot « manager » nous vient du latin maneggiare qui signifie « manier » ou « avoir en main ». Ce terme a donné le mot « manège » en français qui désigne l’action d’entraîner un cheval en le dirigeant avec la main ! C'est une définition assez floue et, avouons-le, peu engageante !
Cela dit, on peut s’accorder sur l’idée que manager, c’est avant tout diriger une équipe selon quatre grandes lignes directrices :
- Donner une direction: Il s'agit de donner du sens, de savoir où l’on va. Un bon manager aide ses collaborateurs à comprendre pourquoi et pour quoi ils travaillent, et comment cela sert les objectifs de l’entreprise.
- Susciter : Le manager doit encourager la responsabilité individuelle. Plutôt que de faire à la place des collaborateurs, il doit les amener à prendre des initiatives et à être autonomes. Le manager n’est pas là pour être dans l’action, mais plutôt pour favoriser l’action chez les autres.
- Soutenir : Travailler ensemble n’est pas toujours facile. Le manager doit soutenir chaque membre de l’équipe, s'assurer que chacun est bien dans sa responsabilité et dans ses talents. Il doit aussi veiller à la cohésion, en garantissant des relations fluides et sereines entre les membres de l’équipe, et en mettant en place des règles de vie qui favorisent la coopération.
- Reconnaître: La reconnaissance est un besoin fondamental de l’être humain. Un bon manager veille à ce que chaque personne soit reconnue pour son travail, ce qui est essentiel pour maintenir la motivation et l’engagement. Une simple parole de reconnaissance peut parfois faire la différence.
Existe-t-il une seule manière de manager ?
Non, il n’y a pas une seule manière de manager. Il existe autant de façons de manager qu’il y a de personnalités et de contextes. En fonction de la situation, les styles de management peuvent varier.
Prenons l’exemple d’un atelier de sculpture avec un maître et ses apprentis. Ici, le maître est dans la transmission d’une expertise, souvent dans une relation de maître à disciple. Il n’a pas pour but de motiver une équipe ou d’innover, mais de transmettre un savoir-faire spécifique.
Dans un tout autre contexte, comme dans une agence de publicité, il faudra plutôt stimuler la créativité, encourager la prise de risques et l'innovation. Ce type de management demande une approche différente, adaptée à la culture et aux besoins du secteur.
Nous l’observons, il existe différents types de managers en fonction de leurs talents naturels. Beaucoup de personnalités différentes peuvent se révéler en situation de manager, dans la mesure où le contexte et les objectifs appellent, viennent chercher les talents qui leur sont propres : innover, développer ou bien structurer, conformer, etc.
Tout le monde est-il fait pour être manager ?
Non, tout le monde n'est pas fait pour manager. Pour être un bon manager, il faut avoir une véritable appétence pour le management. Il faut notamment accepter de prendre en charge les problèmes humains au quotidien et avoir le goût d’entraîner une équipe.
Malheureusement, bien souvent, la responsabilité managériale est perçue comme une étape naturelle de l’évolution de carrière. Des personnes très compétentes dans leur domaine sont parfois appelées à prendre des responsabilités managériales, alors que ce n’est pas forcément leur vocation. Je pense à un chef cuisinier expérimenté à qui on a demandé de prendre en charge une équipe alors que lui, ce qu’il aimait, c’était être sur le terrain et dans l’action. Par conséquent, il a eu du mal à déléguer et à endosser son rôle de manager, et ce malgré les formations au management qui lui ont été proposées.
En fait, le management ne s’improvise pas : il requiert certaines aptitudes naturelles et doit rejoindre un désir profond.
On parle de leadership ou encore d’autorité naturelle pour évoquer le profil du bon manager. Est-ce la même chose ?
Le manager, s’il n’a pas d’autorité, n’arrivera pas à manager, à entraîner dans une direction claire. Cependant, il est important de distinguer l’autorité de l’autoritarisme.
Les étymologies du mot « autorité » éclairent parfaitement deux dimensions importantes d’un bon manager :
- L’étymologie grecque, ex aoussa, qui signifie "exprimer l’être qui est en soi". Cela renvoie à la question du développement de la personne. Un bon manager doit être capable de permettre à chacun d’exprimer pleinement qui il est dans son travail.
- L’étymologie latine, augere, qui signifie "faire grandir". L’autorité, c’est aussi permettre à ses collaborateurs de grandir. Le manager a pour rôle de créer les conditions favorables à ce déploiement, en soutenant et en guidant chaque membre de l’équipe.
Il est essentiel de comprendre que l’autorité n’a rien à voir avec le leadership. Un leader est souvent celui qui est en avant, mais il n’est pas nécessairement celui qui veille à la croissance des membres de son équipe. Le manager, au contraire, est au service de son équipe : il est là pour accompagner, soutenir et faire grandir les autres.
Pour aller plus loin
- "Manager à partir des talents : clé d'engagement et de performance" : une série en 3 épisodes